Leur capacité à tenir sur des trajets de longue distance a toujours fait partie des grands enjeux concernant les voitures électriques. Fidèle à ses habitudes, Tesla a pris une longueur d’avance pour régler la question en mettant en place son réseau de Superchargeurs. Avec des puissances atteignant 250 kW – bientôt 275, voire 300 kW -, ces bornes de recharge ultrarapide sont une aubaine pour les conducteurs de voitures du constructeur texan. Malgré une stratégie de déploiement à succès, l’accès à ces dispositifs reste cependant un privilège réservé aux propriétaires de modèles de la marque. Quelles alternatives pour les électro-conducteurs ayant investi dans des voitures électriques issues d’autres constructeurs ?
Ionity : l’alternative allemande
Les constructeurs allemands Porsche, Mercedes Benz, BMW, Audi et Ford décident, en 2016, de créer le consortium Ionity. Cette joint-venture a pour vocation de mettre en place un réseau européen de bornes de recharge puissantes qui sont capables de concurrencer Tesla et ses Superchargeurs initiés 4 ans plus tôt. L’esprit du projet consiste à étendre l’accessibilité à ce type de solution à d’autres marques de voitures électriques embarquant la fonctionnalité de charge rapide. Depuis l’été 2018, date de mise en place des premiers équipements, la France dispose de quelques 407 bornes de recharge réparties dans une centaine de stations opérant sous pavillon de l’enseigne.
Du point de vue technique, les équipements Ionity permettent de récupérer 80 % d’autonomie en 20 à 30 minutes sur la plupart des voitures électriques vendues sur le marché. Pour cela, le réseau met à disposition des bornes capables de délivrer jusqu’à 350 kW. Le temps de charge définitif dépend de la limite maximum de puissance acceptée par le modèle de voiture considéré.
Après la tarification au kWh appliquée au début, les utilisateurs accèdent au service des bornes à 350 kWh à raison de 79 centimes d’euro la minute. Le coût de la recharge devient largement dépendant du modèle de véhicule. Par exemple, la Hyundai Ioniq 5 (232 kW de puissance acceptée) prend 20 minutes pour recharger sa batterie de 20 à 80 %. Son conducteur sera tarifé à hauteur de 15,80 €. Le propriétaire d’une Audi e-Tron GT passera à peu près 18 minutes pour réaliser le même processus sur son véhicule qui tolère 250 kW de puissance de charge. Sa note reviendra à 14,22 €, contre 24,49 € pour un électromobiliste présentant une Nissan Ariya, dont la limite de puissance acceptée est de 130 kW qui prendra 31 minutes pour se recharger.
Fastned : un réseau de recharge ultrarapide qui vise l’équité
De grands auvents épargnant les utilisateurs des intempéries et qui produisent de l’énergie par sa toiture photovoltaïque. Une conception qui permet de se garer et de repartir sans manœuvrer. Fastned personnalise ses stations pour faciliter la recharge des voitures électriques empruntant les autoroutes A5 et A6. Le service sera bientôt étendu à d’autres conducteurs utilisant l’un des axes des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône sélectionnés pour le projet.
Le réseau met à disposition des bornes de recharge délivrant 150 kW ou 300 kW. Voulant offrir une recharge plus équitable, Fastned facture l’utilisation de ses équipements au kWH, à raison de 0,59 € l’unité. La visibilité du coût de la consommation et de l’autonomie récupérée constitue, dès lors, le grand argument qui pourrait conduire les électromobilistes à opter pour les services de l’enseigne néerlandaise. La recharge de 20 à 80 % d’une Dacia Spring reviendra à 9,50 € (16,1 kWh), celle d’une Ford Mustang Mach-E à 24 € (40,8 kWh) et celle d’une Jaguar i-Pace à 30 € pour sa version EV 400 qui récupère 50,8 kWh. Un programme de fidélité Gold, qui permet de bénéficier de 25 % de réduction sur les tarifs standards, est réservé aux utilisateurs intensifs de voiture électrique. Le kilowattheure revient à 35 centimes d’euro pour les détenteurs de la carte qu’ils paient 11,99 € par mois.
TotalEnergies : du carburant à l’électrique
Les bornes de recharge ultrarapide mises à disposition par TotalEnergies délivrent une puissance maximale de 175 kW. Le réseau a commencé avec une dizaine de stations en 2020 et prévoyait d’équiper jusqu’à 500 autres fin 2022, ciblant les périphéries des grandes villes, les autoroutes et les routes nationales comme lieux d’implantation. La facturation initialement proposée à la minute est désormais remplacée par un prix par kWh consommé, à hauteur de 0,55 € l’unité. L’enseigne envisage la mise en place, dans le futur, de bornes hyperpuissantes pouvant délivrer jusqu’à 300 kW.
Superchargeurs de Tesla : levée d’exclusivité
Lancés pour la première fois en 2012, les Superchargeurs de Tesla ont posé la fondation dans l’édification de réseaux de recharge à haute puissance. Si le plafond était de 150 kW sur les dispositifs V1 et V2, la barre des 250 kW est atteinte en 2019. Le niveau de déploiement reste toutefois le point fort du réseau américain, avec ses 1500 stations recensées sur le sol français. Pour ce qui est de la dernière version V4, le constructeur ne prévoit pas seulement de porter la puissance livrée à hauteur de 300 kW. Sa conception est appelée également à tirer profit de l’énergie solaire, au lieu de dépendre uniquement du réseau électrique.
Initialement l’apanage des conducteurs de véhicules électriques Tesla, les Superchargeurs de la marque d’Elon Musk s’ouvrent peu à peu aux autres utilisateurs. Une quinzaine de sites français sont concernés comme stations pilotes, à des endroits comme Montluçon, Lorient, Angoulême et Blois,s entre autres. Les électromobilistes conduisant d’autres marques sont, pour l’instant, facturés 50 % plus cher. Pour contourner cette différence, un plan d’abonnement à 12,99 € mensuels est disponible. Ce qui ramènera le prix unitaire du kWh à 0,37 euro contre 0,55 euro en tarif standard pour les véhicules d’autres marques.
L’accès aux dispositifs passe par les versions les plus récentes de l’application Tesla et la création d’un compte dédié. Les utilisateurs peuvent alors repérer les stations de Superchargeur se trouvant sur leur trajet. À noter que le tarif effectivement appliqué pour les véhicules d’autres marques varie selon l’emplacement. Leurs conducteurs doivent, par ailleurs, se dispenser des frais d’occupation déjà prévus dans l’usage des structures même pour les propriétaires de Tesla.
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